« Life is a Game.. So I play. »
Parce que tout n'est jamais vraiment Rose.
« Papa ? Pourquoi tu n'es jamais à la maison ? ». Question simple que j'avais posé à mon père alors que je n'avais que quatre ans. Il m'a ignoré, concentré sur ses dossiers. Déjà à ce moment là, je n'avais aucun souvenir qu'il se soit occupé de moi un jour. Et c'était bien normal, il ne l'avait jamais fait.
« Papa ! Je.. ».
« Tais-toi. ». Il n'avait pas élevé le ton, il n'élevait jamais le ton, il n'en avait pas besoin.. Sa voix autoritaire m'avait obligé à me taire. Ce que je voulais lui demander ? Un simple moment d'attention.. Pour une fois. Ma mère est arrivée, m'a prise dans ses bras et nous voilà sortis de la pièce. Je pense même me souvenir d'un soupir de soulagement provenant du bureau que nous venions de quitter. Je ne sais pas si, au fil des ans, je l'ai imaginé... Mais je suis bien sûr d'une chose, il n'avait pas voulu de moi.
« Ton père est très occupé, mon ange.. Tu veux que je te fasse ton goûté préféré ? Gaufres et chocolat chaud ? ». Elle n'avait pas attendu la réponse et m'avais emmené en cuisine. J'avais fait la tête toute la journée. Tout ce qu'avait essayé ma mère, avait échoué. Petit que j'étais, j'avais compris. Mon père n'avait pas de fils, je ne représentait rien à ses yeux.
La vie n'offre pas de cadeaux, jamais.
« Liam Danway doit venir avec moi. ». J'avais onze ans. Onze petites années de rien du tout. Une dame que je ne me souvenais pas avoir rencontré venait d'entrer dans la salle de cours. Elle venait me chercher. Sur le coup, je me suis levé avec empressement, pensant pouvoir échapper à ces cours qui m'ennuyaient.. Mais une fois dans le couloirs ce fut une autre histoire. La dame s'est mise à ma hauteur.
« Ecoute, ta maman ne va pas très bien. Elle a eu un grave accident, et elle à l'hôpital. C'est là que nous allons, d'accord ? ». J'ai hoché la tête, ne comprenant pas vraiment ce qu'il se passait. Les mots qu'elle avait prononcé n'allaient pas ensemble. Maman. Hôpital. Accident. Je n'arrivais pas à les combiné. Alors que j'étais dans cet état second, on m'a fait monté dans une voiture et attaché ma ceinture. J'observais la route défiler sans vraiment la voir. Tout ce dont j'arrivais à me rendre compte, c'était que mon père n'était pas avec moi..
Comment se foutre en l'air en dix leçons.
« Tu sais quoi ?! Tu n'es qu'un raté ! C'est pire que ton père ! Et j'ai pas l'intention de rester avec un loser ! ». Ce fut là que s'arrêta ma première histoire d'amour, si l'on pouvait appeler ça comme ça. Elle avait duré en tout et pour tout deux semaines. Et je n'avais rien tenté pour arranger les choses. Pourtant tout était de ma faute. J'avais été voir une autre fille, l'avais ouvertement draguée et l'avais embrassé. J'avais alors quatorze ans. Je fumais, j'avais déjà essayé la drogue et bu quelques verres a certaines fêtes où je m'étais rendu en cachette. L'époque du gentil fils à papa était révolue. Mon père faisait comme si je n'existait pas ? Et bien j'allais lui montrer que j'étais bel et bien là. La mort de ma mère n'avait rien changé au comportement de mon paternel, non. Et je me sentais terriblement seul. Seulement, je ne le montrais à personne. En trois ans, je m'étais forgé une carapace qui devait me protéger des autres. Résultats, je méprisais la plupart des gens. On dit que la première fille est la plus importante.. Je l'avais trompée au bout de deux semaines. Et cela ne changeait rien. C'était simplement des foutaises. Une semaine après, je me suis de nouveau mis avec quelqu'un, et il m'a fallu trois semaines pour lui faire subir le même sort qu'à l'autre..
Et puis un jour, tout bascule de nouveau.
« Liam.. On s'en va. On va aux États-Unis. ».
« Tu n'as pas le droit de m'emmener là-bas ! Je.. ».
« Tais-toi. Tu n'as pas ton mot à dire. Je suis ton père, je décide. ». Je n'ai pas réussi à répondre. Ca me semblait injuste, mais il avait raison, je n'avais aucun pouvoir. Je ne pouvais l'empêcher de faire ce qu'il voulait. J'allais au USA. J'allais de l'autre côté de l'Atlantique, et rien ne pourrais changer ça.. Ah oui ! J'oubliais. Je savais pourquoi il faisait ça. Pour sa femme. Cela faisait six mois qu'ils étaient mariés, j'avais quinze ans, et elle voulait vivre à USA.
La provocation, seul moyen de communication.
Cela faisait maintenant trois ans que l'on vivait aux States. Ce grand et beau pays. J'avais eu du mal a accepter de vivre ici, mais au final, ça changeait pas mal de Londres. Plus de soleil, moins de cabines rouges. Je m'y étais fait. Bien que l'Angleterre me manquais tout de même ! Trois ans de calme. Bien que ma vie "amoureuse" soit toujours aussi mouvementée, j'avais un peu abandonné les fêtes et la drogue. Par contre, la cigarette ne quittait pas mes lèvres. Il ne fallait pas pousser. Seulement, cette vie calme ne me convenait pas. Quand j'étais sage, mon père n'avait pas de reproches à me faire, et ne m'adressais donc pas la parole. C'était idiot, mais j'ai alors décidé de faire quelque chose d'assez stupide. Cambrioler un magasin de bijoux. Avec une bande d'amis, une nuit, on s'est habillé en noir, on a mis des cagoules - en bons imitateurs des cambriolages dans les films - et nous sommes entré par effraction dans une bijouterie. Notre expédition s'est rapidement terminée, au commissariat. Mon père est venu, m'a libéré, et ne m'a pas adressé un mot.
Parier sur l'amour est un jeu dangereux.
« Je parie que tu n'oseras pas la mettre dans ton lit ! ». Vingt-et-un ans et onze mois, exactement. Et toute la bêtise du monde. J'ai lancé un regard sur le sujet du pari. Un ravissante blonde accoudée au comptoir du bar. Nous, nous étions trois amis attablés dans un petit coin discret du café.
« Aller ! Depuis combien de temps tu n'as pas donné de faux espoirs d'une relation stable et heureuse à une fille ? ». Remarque idiote, provocatrice. Et dieu sait que je résiste mal à la provocation. Je me suis alors levé, et me suis installé sur le tabouret libre à côté de la jolie blonde. Alors que j'allais prendre la parole, elle a tourné la tête vers moi.
« Laisse-moi deviner. Tes amis, là-bas, t'ont défier de venir me draguer ? ». Un sourire à étiré mes lèvres.
« Tout juste.. Serais-tu devin ? ». Elle sourit à son tour.
« Vous, les mecs, n'êtes jamais discrets.. Désolée de te décevoir. ». J'ai tendu la main, en signe de paix. Elle l'a serrée.
« Je suis.. ».
« Tu es le tristement célèbre Liam Danway. Je sais. J'ai déjà entendu parlé de toi.. Tu sais qu'il y a des rumeurs qui courent et qui disent que tu serais un salaud ? ». C'était bien la première fois qu'une fille me répondait de cette manière. Elle avait toujours une longueur d'avance. Et elle savait faire taire les mecs comme moi. Les salauds, comme elle le disait si bien.
« Tu crois aux rumeurs ? Tu n'avais pourtant pas l'air d'une telle fille.. ». Un ton faussement déçu, contradictoire avec le sourire toujours présent sur mes lèvres.
« Tu as raison, ce ne serait pas très évolué de s'en tenir aux rumeurs.. Je te propose quelque chose. Je te donne mon nom, et si vraiment tu tiens à m'inviter quelque part, tu trouves le moyen de me joindre.. Ca te va ? ». Je n'ai réfléchit qu'une fraction de seconde.
« Je suis partant. ». Elle a sortit un stylo de son sac, à écrit son nom sur une serviette et après m'avoir lancé un clin d'oeil, elle est sortie.
Relever le Pari, une bien mauvaise idée.
Cela faisait deux mois qu'elle me narguait. Emily. Elle s'appellait Emily Heaven Jones. La première fois que je l'avais appelé, c'était au bout de trois semaines. Plus poussé par mes amis que par intime conviction. Deux semaines plus tard, on se retrouvait au restaurant. En parfait gentleman je l'ai ramené chez elle.. Ce que je faisais pour toutes les filles, soit dit en passant. Au moment de sortir de la voiture, elle m'a observé quelques instants.
« Tu sais quoi ? Tu n'as pas l'air d'un salaud. ». Elle a déposé un baiser sur ma joue et est rentrée chez elle. Cette nuit là, je n'ai pas dormi. Sa dernière phrase tournait en rond dans ma tête. J'avais beau tout faire pour oublier la sensation de ses lèvres sur ma joue, c'était impossible. Tout s'était passé comme d'habitude, et pourtant j'en avais un souvenir totalement différent. Le lendemain, je l'ai rappelé, elle a accepté un nouveau rendez-vous et cela faisait maintenant deux mois que ça durait. Des rendez-vous qui passaient trop vite, parfois un baiser sur la joue.. Et rien de plus. Pourtant j'en attendait tellement plus. Au début, je tentais de me convaincre que ce foutu pari avait toujours à voir dans cette histoire. Mais la réalité était toute autre.
Et puis, un soir, alors que tout aurait pu être parfait.
« Tu veux monter avec moi ? ». Je l'ai observé, étonné. Elle avait l'air bien sérieuse. Elle en avait peut-être fini de jouer ? J'ai hoché la tête et pour la première fois, nous sommes tous les deux montés dans son grand appartement. Nous avons jeté nos manteaux négligemment sur le canapé et elle m'avait poussée contre le mur.
« Je t'aime. ». Elle était là, juste devant moi. Alors que j'allais répliquer, elle a posé un doigt sur mes lèvres.
« Chut.. ».. Je me suis tu, elle m'a embrassé. Mon monde a basculé.. Cela faisait deux mois que j'attendais ça. Juste ces deux mots. Juste ce baiser, ce contact. J'ai glissé mes mains sous son chemiser.. Et c'est là que c'est arrivé. Cette sorte de révélation. Cette angoisse qui est montée en moi.
« Je suis désolé.. Je ne peux pas. ». J'ai attrapé ma veste et ouvert la porte.
« Liam ! Attends ! ». J'ai serré des dents et suis sorti. Je ne suis jamais revenu. J'ai ignoré ses appels, ses textos. J'avais peur des sentiments. Peur du pouvoir qu'elle aurait sur moi. J'avais peur d'être faible, ou de souffrir. Alors je l'ai fui.
Maintenant, plus seul que jamais.
Je ne suis pas retourné dans ce café, j'évite les fêtes les plus importantes, ou celles où je sais qu'elle sera présente. Plusieurs fois, je l'ai aperçue et ai fait demi tour pour ne pas la croiser. Quand mon père m'a proposer de bosser pour lui, j'ai accepté. N'ayant pas fait d'études spéciales, j'avais quand même fait des stages dans son entreprise. Voilà ma situation. Je bosse pour mon père que je hais, je rejette toutes mes fautes sur ma belle mère que je n'apprécie pas plus, et je me sens plus seul que jamais, pensant souvent à Emily. Au final, la prédiction se voyait réalisée. J'étais un raté. Et même si de l'extérieur, ce n'était pas l'image que je donnais, c'est l'impression que j'avais.