Je n'ai jamais écrit de lettre avant aujourd'hui. Je sais, c'est idiot, j'ai dix-huit ans mais pourtant aucune expérience épistolaire. Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Les sms, les appels, les e-mails, ça remplace l'encre fine qui tache le papier jauni. Jusqu'à aujourd'hui. J'ai l'impression qu'écrire cette lettre, c'est rendre réel tout ce que je vais coucher sur la feuille. Toute ma vie. Faire le point.
C'est ça. Je t'écris une lettre pour faire le point.

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times change


Depuis que tu es parti, beaucoup de choses ont changé. Tu as remarqué ? J'ai écrit depuis que tu es parti au lieu de dire depuis que tu nous as lâchement abandonné. C'est une belle progression. Qu'importe. Je suis un adulte maintenant. Maman répète sans cesse que j'ai hérité de toi ma carrure imposante et ce sourire qui fait craquer les innocentes jeunes filles, ainsi que ce teint basané à cause duquel tout le monde me prend pour un indien perdu dans la capitale. Je n'ai pas un physique à plaindre. Pourtant, je me plains de mon modèle. Je te déteste.

J'assume le mépris et la prétention qui s'écoulent de moi comme un fleuve suit son lit. En fait, tu es la cause involontaire de cette rage qui gronde. J'en veux au monde entier parce que tu n'es pas là pour subir les coups de ma haine. Je m'en fous, du fric par millions, des bombes aux jupes indécentes et des beaux gosses aux discours homo-érotiques. Peu importe les fêtes, l'alcool, les clopes occasionnelles et les cours. Je veux juste un peu de ton amour, un peu de reconnaissance, un peu de bonheur. Je veux un océan dans le désert : l'impossible.

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everyone has a little dirty secret

Mon sale petit secret, ça fait trois ans que je le porte. Je suppose que tu connais l'ambiance de certaines soirées, tu as déjà bu quelques verres de trop, au point d'être totalement déchiré. Tant et si bien que tu ne sais plus ce que tu fais. Quand un garçon plutôt mignon arrive pour t'aider parce que tu t'es mis à grimper à un arbre de Central Park, que la distance entre toi et le sol devient de plus en plus importante, et que tu as follement envie qu'on prenne soin de toi, tu peux difficilement dire non. Alors j'ai laissé ce gars monter, prendre ma main et m'aider à descendre. Je l'ai suivi là où personne ne pourrait nous voir, et je lui ai fait l'amour. J'ai embrassé sa peau, embrasé son âme, et ce fut magique. Il était non seulement beau, mais tellement doux, et il me murmurait à l'oreille une poésie que nous seuls pouvions comprendre. Je commençais à me dire que ce n'était pas un coup sans importance. J'avais oublié que Central Park, de nuit, ce n'était pas une bonne idée. J'étais bien trop out pour ça. Il a quitté notre petite cachette pour récupérer son tee-shirt, que j'avais envoyé quelque part plus loin. Il n'est pas revenu, mais son tee-shirt était toujours là. Tâché de sang. L'alcool aidant, je m'endormis dans les buissons. Au matin, j'ai récupéré le tee-shirt et mes souvenirs. Je crois qu'il est mort, et c'est en partie ma faute. Non, soyons francs, c'est totalement ma faute. Les filles, les garçons, je les baise jusqu'au trognon. Lui, c'était différent. On m'a enlevé ce que j'aurais voulu avoir le temps d'aimer. La vie est injuste.

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make social life a chess game

Je ne crois pas en ce fantasme qu'est l'amitié. Oh, bien sûr, je suis proche de certaines personnes, si bien que j'en arrive à confier des choses que je ne devrais pas dire. Mais c'est plus par goût du drame que par réel confiance. Savoir doser les mots pour provoquer telle ou telle réaction, digne d'un grand stratège ! Sincèrement, je crois toujours pouvoir compter sur des gens qui me déçoivent, au bout du compte. On n'est seul quoiqu'on fasse, c'est une certitude, que tout le monde se cache. Je méprise les pouilleux des bas-quartiers, mais je joue mes atouts pour séduire l'Élite de Manhattan. Je veux la popularité si elle amène plus de pouvoir et de richesse, parce qu'au fond, avoir de l'influence, c'est jouissif. Je veux la reconnaissance. Je veux l'admiration des autres. Puisque je n'aurais jamais la tienne.

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Je t'aime. On dit que le véritable amour prend sa source dans la haine originelle. Le véritable amour, c'est le lien filial. Celui qui ne peut jamais se briser, qu'importe nos actes. J'irais brûler cette lettre sur ta tombe, en espérant que la fumée emportera mes mots tout là-haut. Bonne lecture, papa.

Personnage interprété : Inventé.
Prénom – Pseudo : Keibo.
Âge : 16 ans.
Comment avez-vous connu le forum ? Coin Coin, Coin-Pub.
Qu'est-ce qui vous à poussé à vous inscrire ? Le sujet en soi, j'adore la série Gossip Girl, mais je pense que l'organisation du forum y est pour beaucoup aussi !
Points à améliorer sur le forum ? J'aime tout pour le moment, je ne suis pas trop difficile. (:
Commentaire(s) : pandas et patates