Évidemment, la jeune femme était surprise d’avoir eu si peu de mots alors que dans sa tête et dans son cœur c’était pire que la seconde guerre mondiale -en plus « beau » évidemment-. C’était toujours le cas, malgré elle. Elle survolait vaguement les pages, les yeux embrumaient par les nombreuses et innombrables larmes.

Nathanaël et moi, nous sommes ensemble 

Je l’aime, si tu savais à quel point. 

Entre lui et moi, il y a des choses que je n’écrirais pas. 



Elle stoppa sa lecture, elle connaissait la fin de l’histoire, elle faisait si mal qu’elle n’avait pas besoin de la relire. Quelle belle idiotie que d'être tombée amoureuse de lui. C'était pour lui qu'elle était devenue cette fille infecte qu'elle n'aimait pas elle-même. C'était lui et lui seul qui la faisait sombrer, c'était pour lui, à cause de lui qu'elle avait touché le fond. Horrible, de lire combien elle l'avait aimé. Insupportable, de constater qu'elle l'aimait encore. La tête entre ses mains, les larmes coulaient, encore et encore. En abondance a tel point qu'elle ne cherchait plus à les retenir. La jolie rousse s'arma d'un stylo, de haine, de tristesse, de rancune, d'amour, de passion et des beaucoup de sanglots pour écrire sur les dernières pages restantes du journal intime

Quand j'ai commencé à écrire ce truc, ce journal-là « Roksana » c'est comme ça que je l'appelais c'est ça ? J'étais une fille bien, d'ailleurs, les filles bien écrivent sur des journaux intimes. J'étais une petite Hippie, influencé par mes parents je dois l'admettre, faut dire que ce qu'ils m'ont montré d'eux m'a toujours fait rêver et encore aujourd'hui. Mais, là n'est pas le sujet. J'étais cette fille bien, j'étais cette Hippie, j'étais cette gosse, j'étais l'innocence, j'étais heureuse. Depuis combien de temps n'ai-je plus connu ce sentiment d'être « heureuse » ? Trop longtemps. Le bonheur et tout cela c'est parti quand il m'a laissé. Alors, voilà, je vais reprendre mes esprits d'accord ? Je vais le faire et dans cinq minutes j'écrirais ce que je suis aujourd'hui.

La jeune femme attrapa un paquet de mouchoir, essuya ses larmes et le maquillage qui salissait son doux visage, elle inspira un grand coup avant de fermer les yeux, assise en tailleur sur son lit, rassemblant ses esprits dans un silence de roi. Malgré les larmes qui coulaient librement et sans le moindre bruit, elle reprit son stylo entre ses maigres doigts.

Je me nomme Esfir Izza Tsekhov. J'ai actuellement vingt ans, demoiselle rousse d'origine russe, j'ai toujours vécu à Los Angeles au sein d'une famille aimante et quelque peu Hippie.
Je ne suis pas une personne très fréquentable. Il faut être honnête avec sois. Je fume, je bois, je me drogue, je baise. Je suis odieuse et insolente, je déteste fermer ma gueule, je dis tout ce que je pense. Je sais me montrer extrêmement mesquine, balancer des secrets à Gossip ? Au jour d'aujourd'hui j'en suis capable. Le malheur des autres me réconforte. C'est méchant et petit ce que je viens d'écrire, j'aimerais que ce soit faux mais, c'est pourtant la vérité actuelle. Salope, sale peste, Petasse, vous voyez je sais ce que vous pensez. Ce que tout le monde pense.
Je n'ai pourtant pas toujours était cette fille là, fût un temps j'étais l'opposé de mon présent. Pourquoi -ou plutôt pour qui ?- ai-je changer ? Nathanaël Liam Owen. Ce nom me fait frémir, rien que de l'écrire ; je rêve, je salive, je pleure, je me crispe, j'ai mal. Il m'a quitté en me laissant seule il a pris tout ce qu'il y avait de bon en moi et m'a fait découvrir l'enfer de la dépression. La drogue, la débauche et même l'anorexie -ou plutôt « trouble alimentaire » ça me connaît maintenant. J'ai sombré voilà tout.
J'ai voulu changer en devenant celle que je suis à présent. J'ai voulu changer mais, je l'avais toujours en tête, lui, c'est sûrement pour cette raison qu'inconsciemment je suis devenue le genre de femmes qui l'intéressent. Ces femmes qui finissent dans son lit, ces femmes à qui il dit certainement « je t'aime ». Rien que d'y penser, ça m'écoeure, ça me tue, ça me fais du mal. J'ai changé pour lui. C'est pour lui que je suis cette garce là aujourd'hui. Comment puis-je être aussi naïve pour l'aimer autant ?

Le contraire de l'amour n'est pas la haine, c'est l'indifférence...

La vie est tout de même une chose bien curieuse... Pour qui sait observer entre minuit et trois heures du matin.

Enchaînant les verres, dans cette boite de nuit la jolie rousse semblait dans son élément. Elle se fondait parfaitement dans la masse sans être trop discrète pour autant. Elle semblait bien en effet, l'était-elle vraiment ? Certainement pas, peu importe, le principal était les apparences. Elle allait retourner danser, se chaînait sur cette piste, laissait son corps se déhancher. Ses projets se sont modifiés au moment où un beau brun s'approcha d'elle, tout sourire, la pub colgate dans une boite de nuit. Il ne lui plaisait pas plus que ça, il n'était pas moche pour autant. S'il n'était pas trop chiant, elle finirait peut-être la soirée avec lui. « Je peux vous offrir un verre mademoiselle ? » Un petit sourire en coin, avec un regard séducteur, elle s'approcha de son corps en prenant sa main pour qu'il la suive. « Fait moi danser plutôt! ». Il afficha un large sourire, satisfait, pour lui c'était le moment de se frotter à elle sur un air de kesha. Le jeune ne se gênait pas, baladant ses mais, sur le corps de la jolie rousse qui semblait apprécier. Elle semblait seulement, au fond d'elle, ce n'était pas le cas. Tant pis, elle composerait avec cet homme, pour un soir, pour oublier qu'elle n'en voulait qu'un.

[color=#FEB88F]« Non ça ne va pas! Cette photo ne me met pas du tout en valeur » cela faisait à présent quinze minutes que la jeune rouquine tentait de négocier avec le photographe et le directeur de la session photo. Les photographies étaient ratées pour elle. A ses yeux, elle ne se vendrait pas, d'où le fait qu'elle insistait pour de nouvelles photos. « Esfir, tu es canon, je ne vois pas comment on peut mieux faire. » il soufflait, épuisé, les mannequins pouvaient être vraiment insupportables par moment, quand elle se mettait à critiquer. Pourtant, Esfir avait raison, elle n'était pas capricieuse sans raison, les photos n'étaient pas à la hauteur de sa beauté et du photographe. Alignant divers arguments et après trente minutes de négociation, la demoiselle avait finalement obtenu ce qu'elle désirait; une nouvelle séance.

« J'ai l'air d'un clown ! » le regard furieux de la jeune femme sur cette maquilleuse laissait deviner que la maquilleuse allait devoir reprendre tout son travail. « Enlevez-moi ça! » La jeune femme était mal lunée aujourd'hui et donc insupportable. Une mauvaise nuit de sommeil et la voilà plus odieuse que jamais. Ce n'était pas le premier caprice de la rousse. Depuis qu'elle était arrivée ce matin, elle avait déjà crié sur la coiffeuse, son chignon n'était pas suffisamment structuré à son goût. Le café était trop froid, elle avait exigé un autre café. Maintenant, c'était le maquillage, à quand le prochain caprice ?

« Je peux voir la nouvelle collection ? » La jeune femme était souriante, attendant avec impatience de voir cette fameuse collection, passionnée de mode, elle avait hâte de pouvoir enfiler ses vêtements et d'être photographié avec. « Je te montre ça tout de suite » annonça la jeune créatrice en ouvrant la salle des trésors, soit celle de la nouvelle collection. Les yeux d'Esfir brillaient, la créatrice ravie. Comme une enfant, elle regardait la collection, des étoiles pleins les yeux, ne pouvant pas s'empêcher de prendre les vêtements un par un, c'était l'un des bonheurs d'être mannequin. Elle était au coeur de la mode. Milieu qui la passionnait vraiment.